un poisson mort

un cadavre de poisson
flotte dans ma maison

une araignée morte
au bout de son fil
balotte
immobile

les horloges se sont tues
pour l'air des tortues

je ne pense pas
je n'entend pas
je ne vois pas

je ressens ...
seulement

Avancer

vider le reste de ses envies
chercher des chemins rocailleux
nager en direction de la neige

le cœur appuie sur la gorge
et isole le cerveau

seulement avancer

manger le reste du dessert
attendre le café et la suite
et oublier le pourboire

la bouche sèche
la gorge nouée

seulement avancer

avancer automatiquement
avancer en parlant
avancer en regardant le paysage passer

déplacé

je t'ai manqué

éloigné, perdu dans la lumière sombre
du vacarme silencieux des trépidations
inhabituelles

je t'ai manqué

sur des chemins à ouvrir des trajectoires
fluorescentes et s'évitant de justesse pour
partir vers d'autres inconnus

je t'ai manqué

les bras chargés de pesanteur,
par la différence de langue et de savoir lire
par ces cuisines somptueusement vides

tu m'as manqué

je reve

des couleurs sur le vent, des fils tendus en l'air
des main gantées, le soleil dans les yeux
je rêve

de l'encre répartie sur une feuille, un cadeau préparé
mille batailles gagnées et abandonnées, dessinées
je rêve

des acclamations, de la volonté
une bienveillance angélique
je rêve

main dans la main, larme contre larme
je rêve

le temps d'un repas, un weekend partagé
une conversation rompue
je rêve

je rêve de demain,
je rêve d'hier

Ce matin

aujourd'hui le matin ne vient pas

hier non plus il n'etait pas là
mais le matin se fait attendre

hier le matin n'est pas venu
il faut dire que je ne l'ai pas invité

hier je suis parti sans matin
d'un autre coté je me suis faché

j'aurais aimé montrer les couleurs
du matin d'hier et de demain

aujourd'hui est un jour sans matin

le départ

arrivé trop tard pour pleurer
je pense au souvenir

arrivé trop tot pour pleurer
je pense au devenir

arrivé à coté pour pleurer
je tends ma main inutile

arrivé au dessus pour pleurer
j'écoute et je regarde

arrivé derriere pour pleurer
je ne suis pas seul

arrivé en bas pour porter
trop tard le mal est fait

doux mots

doux mots étincelles
de milles voix
tu animes la descente

doux mots dessinés
pour mieux accepter
l'appel

doux mots enivrés
et ton discours est paternel

doux mots ce matin
pour enlacer le destin

mes doigts

j'ai mis mes doigts derrieres mes lunettes
même mes doigts à moi sont de trop

j'ai mis mes doigts derriere mes lunettes
mes doigts trop gros trop droits

j'ai mis mes doigts à moi
derriere mes lunettes à moi

j'ai mis mes gros doigts à moi
derriere ma vision à moi

mes gros pouces m'ont fait pleurer
mes doigts à moi me font pleurer

mes doigts maladroits

mon amie, mon amour

mon amie mon amour
tu chante de l'organisation de l'amour

mon amie, mon amour
je t'aime plus que l'amour

mon amie mon amour
un seul jour pour toi

mon amie mon amour
je t'aime plus que moi

mon amie mon amour
je t'aime pour toi

berbere

mes doigts sentent le berbere
ma culture sent le berbere
mes enfants sentent le berbere

je ne serai pas ethiopien
mais mes mains sentent le berbere

ecoutez l'odeur berbere

au revoir

donnez moi la main
laissez moi vous accompagner
vers mon dernier metro

je prefere le tram,
mais à l'heure qu'il est
j'ai les bras trop chargés

aidez moi à pleurer
j'ai peur pour vos trajet

mettez vos paroles dans mon soupir
je ne peux plus parler

Un etang debout

aujourd'hui, je suis parti
je me suis laissé allé
le bras tendu, encore sec
les pieds mouillés et froids

aujourd'hui le froid m'appelle
le sommeil me submerge
la froide torpeur réconfortante
me rechauffe le coeur

demain, je marcherai
sur les mains et les pieds
racontant mon ame
aux oreilles aveugles
des marcheurs immobiles

des mains

je sépare mes mains

je sépare mes mains

je sépare mes mains
pour ne pas qu'elles restent collées

as-tu séparé tes mains

as-tu vu tes mains séparées ?

elles ne sont pas belles
pas plus que réunies

elles ne sont pas blanches
pas plus que jaunies

elles ne disent rien

elles ne disent rien
mais elle sont libres

au revoir à demain

au revoir,

je n'ai pas d'autre ami
je n'ai pas d'autre envie

je ne possède rien
je n'aime rien

aimes moi mon amour
je t'aime mon amour

à demain

Les oiseaux du soir

Les oiseaux m'ont apporté de quoi manger
en plein hivers un peu inquiét

Ils ont porté dans leur gosier
un peu d'argile pour me chauffer

Les oiseaux m'ont questionné
un soir d'hivers en plein été

ils ont sorti leurs ailes bleutées
et emporté leur bonté

les elfes m'aiment

comme un aveugle sans yeux
j'ai vu le relief des treffles heureux

les pieds nus dans la rosée
les elfes m'ont appellé

protecteurs, rassurant

apportant le baiser demandé
ils attendent un bouclier

conscient, rassurant

j'ai posé l'ukulele
et un baiser
j'ai apporté

mon petit instrument

mon instrument intime
me permet de jouer minime
seul pour pleurer mes victoires
je joue avec mes mains noires
bleuies par l'érosion des émotions vaines
poussé en avant avec ou sans peine

mon instrument minime
joue pour mes intimes
les abymes masquées
offertes aux carapaces sourdes
des compagnons de mon temps

mon petit instrument délirant
me permet d'apprendre la solitude
avant de devenir un souvenir

mon frère

quelqu'un se balance

abandonné, mélancolique,
immobile

quelqu'un a froid

décidé, en colère,
désespéré

quelqu'un manque

aimé, admiré,
envié

mon frère est mort
désolé

le vieux john sort ses appareils

john chante

le vieux john est vivant

john enregistre

le vieux john nous fait son show

john est présent

le vieux john joue

john ukulele